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La photographie aux frontières du réel

Éric Rumeau questionne la dimension fictionnelle de la photographie et le rapport qu’elle entretient avec un imaginaire collectif à travers les références du fantastique et de la Science Fiction.

Dans Les Orbes du Temps, film expérimental de fiction réalisé à partir de photographies, Éric « interroge l’aspect cyclique et répétitif de l’histoire des hommes » et use pour cela des codes esthétiques du cinéma d’anticipation. À travers ce qui semble être les vestiges d’une activité humaine révolue, ruines d’une civilisation qui nous semblent familières, le photographe efface les repères, perturbe notre perception, joue aux limites du photographique, pour mettre en exergue les dérives d’une société.

Choisissant de se tenir à la frontière entre utopie et dystopie, il donne à voir ou à percevoir des lieux souvent indéfinissables, non reconnaissables. Les images de la série Refuge de l’ombre, à la croisée du documentaire et de la fiction, nous dévoilent un monde sous-terrain, aux lumières blafardes dans lequel semble s’être organisée une vie de l’après…

Sans recourir à la mise en scène, Éric Rumeau maîtrise sa représentation d’un réel aux contours sombres et aux lumières et luminescences quasi « surnaturelles ». Au seuil de l’abstraction, il nous invite à entrer dans le domaine des sciences du vivant, vu par le prisme de l’anticipation.
Dans sa dernière série, Eurythmie, il joue de tous les artifices du faux inhérent à la photographie, pour faire vrai, pour semer le trouble. Des images de roches luminescentes renversent les paradigmes et nous entraînent aux frontières du réel.

Véronique Glover Forns – Centre Culturel Bellegarde – Ville de Toulouse – Juin 2022


A l’intérieur ouvre une autre lecture que celle du lieu où se tenir, d’autant qu’il ne connaît pas de différenciation spatiale puisque ce qui a/n’a pas lieu vogue du dedans au dehors… L’incipit joue de cette duplicité ; en profondeur du champ d’une rue de nuit, en pente bordée de maisons volets fermés, les phares d’une voiture semblerait débuter une histoire or le plan se duplique avec une sorte de grande toile d’araignée sans ses fils, un halo prenant l’espace. Le pacte de lecture est lancé, ce qui a lieu est d’essence iconique et non preuve d’un réel.

Pas d’explication, ni de suite narrative, des échos d’ambiance, de non attestation. Parfois un zoom fait mine d’approcher ce qui se délite cependant en un fondu au noir. Ces noirs qui assemblent tout en séparant les diverses images. L’entre-image fraie sa nécessité et paradoxalement puisque photographique, rappelle la discontinuité première de la prise filmique que la projection occulte. (extrait)

Simone Dompeyre – Directrice artistique Rencontres Internationales Traverse Vidéo Toulouse – Mars 2020


Eric Rumeau a exploré une ancienne mine de sel et nous fait partager son ressenti, intrigué par cet espace fantasmatique très fréquenté. Les couches de sel semblent fusionner leurs veinages avec la lumière marmoréenne tandis que des familles s’occupent à respirer un air chargé de vapeurs thérapeutiques. Le spectateur n’est pas invité à comprendre dans quelle dimension s’est engagé le photographe mais le mode d’accrochage suggère qu’il s’égare dans une rêverie. Toute l’ambiguïté (savoureuse) de la photographie est posée, dès lors qu’elle n’est pas ancrée à des explications. 

Xavier Ribot- CACP Villa Pérochon – Festival Vendanges Photographiques – Septembre 2019


Dans les photographies d’Eric Rumeau, tout est affaire d’équilibre. Equilibre entre abstraction et figuration, nuit et lumière. Que ce soit une matière, un objet ou des personnes, les situations captées sont installées dans un hors-temps indéfinissable qui efface les identités et les lieux. Pas de point de repère pour ancrer le regard, mais une profondeur paisible et engageante, quoique aussi incertaine qu’un rêve. 

Colette Le Chevalier- Parcours des Arts Sud et Espagne – Numéro 58- Avril mai juin 2019


Eric Rumeau transforme le réel sans pour autant le mettre en scène, et donne ainsi naissance à un monde fictionnel d’une profondeur envoûtante. La Maison des Arts expose deux de ses séries photographiques. “Les yeux fermés” détourne la matière à l’image des rêves, grâce à l’utilisation de couleurs saturées qui se trouvent contrastées par une intense obscurité. “Refuge de l’ombre” dresse le portrait d’une ancienne mine de sel qui se transforme en un refuge, brouillant nos repères et déstabilisant notre perception du réel.   

 L’art Vue – Numéro Avril mai 2019


Pour continuer notre promenade vers la remise en question de la lecture de l’image, Eric Rumeau propose de nous entrainer dans sa descente aux enfers avec « Refuge de l’ombre », qui est en fait une promenade de santé pour les personnes profitant des bienfaits de l’air confiné dans l’ancienne mine de sel.
Epoustouflant brouillage de repère dans notre perception émotive d’une photographie quasi documentaire que l’auteur déchire avec quelques mots en nous faisant partager l’expérience de sa propre déstabilisation.                                                                                                                   

Peggy Allaire – 9lives magazine- 7ème édition l’Emoi Photographique – Mars 2019