A l’intérieur
Film photographique, couleur, 3’46, 2019
Je fais mon cinéma,
Avec pas grand chose,
Ce que m’offre le réel,
Ce que me donne le hasard,
Ses instants ordinaires,
Ses décors inattendus,
Ses acteurs qui s’ignorent,
Je me fais mon cinéma.
Les yeux fermés
Nos rêves sont souvent une reproduction de la vie réelle, avec de légères modifications qui les rendent incongrus. Ils nous surprennent comme tout ce qui est étrange, puis ils s’évaporent.
Mes images à la manière d’un rêve détournent la matière réelle pour mieux s’en échapper.
Un temps hors du temps, un espace hors de l’espace, dans lequel l’esprit se régénère, un lieu en-soi de l’être.
Je remercie l’incertain, le trouble, le hasard. Ils donnent à rêver.
2018-2019
Refuge de l’ombre
La descente a duré vingt minutes. De longues minutes dans le noir et l’odeur âcre des gaz d’échappement du vieux bus rouillé. Le convoi était ininterrompu. Plus on descendait, plus le sentiment d’asphyxie m’envahissait. Terminus à 200 m sous terre.
En pénétrant dans ces gigantesques salles, je me sentais submergé par l’immensité de la mine. Les marbrures de sel sur les parois rectilignes m’hypnotisaient, blanchies par la lumière ardente des néons.
Des gens étaient là, une vie souterraine était organisée dans le froid et l’obscurité.
J’avais l’impression de vivre la fin du monde, la vie d’après.
2017-2019
Retour à l’équilibre
Inégalités croissantes, réchauffement climatique, repli sur soi, le monde traverse une crise existentielle.
Déjà certains vivent, produisent et partagent autrement. Ces initiatives dispersées préfigurent une société en transition, qui repose sur la gouvernance des biens « communs », les ressources naturelles ou l’éducation par exemple.
Leur projet est porteur de sens et de lien social parce qu’il a une dimension collective et positive, et ressuscite cette « envie de demain » fondamentale pour l’équilibre de toute société.
Afin d’illustrer ces nouvelles pratiques, je suis parti dans ces écohameaux voir si ce modèle de décroissance n’était pas moins caricatural et plus désirable qu’on l’imagine souvent. En dérogeant aux codes du documentaire, j’ai souhaité m’inscrire dans une démarche engagée afin d’éveiller un imaginaire positif sur une alternative de vie en devenir.
La série est donc un enchaînement de « scènes tableaux » dans lesquelles le décor raconte autant que les personnages. A partir d’un environnement existant et d’un scénario légèrement décalé, j’ai invité les habitants à évoluer de façon spontanée à l’intérieur de ce cadre.
La lumière naturelle renforce le réalisme. Le hasard des situations détermine l’image finale. Mise en scène au départ, le naturel se retrouve dans l’artifice : la vie devient cinéma.
2017